La prise en charge chirurgicale de la pubalgie a évolué dans son concept ces dernières années. Classiquement il s’agissait de réaliser une mise en tension des muscles larges de l’abdomen (intervention de Nesovic) menée symétriquement des deux côtés. Cette intervention avait l’inconvénient majeur d’être très délabrante sur la paroi abdominale (le lever était autorisé au huitième jour, la reprise de l’entraînement permise au troisième mois post-opératoire, et la reprise sportive entre le quatrième et le sixième mois, suivant les réactions du patient). Cette intervention était donc grevée de lourdes contraintes pour des patients souvent jeunes et très sportifs.
Le concept actuel insiste sur l’insuffisance pariétale abdominale avec élargissement des orifices inguinaux responsable d’un conflit douloureux chronique et trouve sa réponse, en cas d’échec du traitement médical bien conduit, dans la cœlioscopie. En effet, l’abord coelioscopique de l’espace pré péritonéal avec mise en place d’une plaque prothétique de renfort anatomique très souple et parfaitement bien tolérée permet de manière « mini-invasive » de modifier les conditions anatomiques locales en renforçant la zone de faiblesse inguinale par une technique dite « tension free » (sans tension). La technique « tension free » procure un bien meilleur résultat en terme de confort post-opératoire, de taux de récidives très faible et surtout en terme de récupération rapide d’activité sportive.
Notre équipe réalise majoritairement le traitement des pubalgies par voie cœlioscopique. La veille de l’opération, vous devez rester à jeûn à partir de minuit. Si vous prenez des médicaments de façon quotidienne, vous devez en discuter avec votre chirurgien ou un membre de son équipe, qui peut souhaiter que vous preniez certains de vos médicaments le matin de la journée opératoire avec une gorgée d’eau. Si vous prenez de l’aspirine, des médicaments anticoagulants ou anti-inflammatoires, vous devez en discuter avec votre chirurgien et l’anesthésiste, afin de fixer la date d’arrêt temporaire de ces médicaments avant votre opération. L’intervention chirurgicale par voie cœlioscopique se déroule sous anesthésie générale. Le principe de la chirurgie des pubalgies par cœlioscopie consiste à réaliser 1 incision cutanée de 10mm et 2 incisions de 5mm qui permettront au travers de trocarts d’insuffler du gaz dans la cavité abdominale et d’introduire dans l’espace pré-péritionéal la caméra et des instruments afin d’obturer l’orifice en renforçant la zone de faiblesse par une plaque prothétique souple. La durée de l’intervention est d’environ 30 à 40 minutes.
Cette opération est bien codifiée et de réalisation courante, mais comme dans toute opération chirurgicale certaines complications peuvent survenir : une réaction à l’anesthésie, un saignement, une plaie d’un organe abdominal, une orchite (inflammation d’un des testicules), une nevralgie (douleur chronique sur le trajet d’un nerf). Les modifications locales découvertes lors de l’intervention ou l’apparition d’une complication inattendue peuvent conduire votre chirurgien à modifier l’intervention initialement prévue afin de tout mettre en œuvre pour remédier aux difficultés rencontrées. L’abord coelioscopique peut également être converti en laparotomie (chirurgie classique par une grande cicatrice).
La liste des complications décrites n’est pas limitative mais il est important de comprendre qu’un des objectifs de la consultation pré-opératoire est de permettre à votre chirurgien de mettre en balance les possibilités de traitement non invasif et les risques inhérents à une intervention chirurgicale. On rappelle ici que la chirurgie dans les pubalgies n’intervient qu’en fin de parcours après échec des autres solutions moins agressive. En cas de doute de votre part, n’hésitez pas à demander des précisions à votre chirurgien. Comme incidents post-opératoires, un gonflement au niveau de l’ancienne zone inguinale en règle transitoire peut apparaître après l’intervention s’il existait une hernie associée. Il s’agit en général d’un sérome c’est à dire une poche de liquide dans la zone vide qu’occupait la hernie. Celui-ci régresse en quelques semaines. S’il persiste, n’hésitez pas à en parler. Un hématome des bourses peut survenir sans que cela n’ait aucun caractère de gravité, il se résorbe toujours spontanément. Un autre incident post-opératoire propre à la chirurgie coelioscopique peut apparaître dès le lendemain de l’intervention. Il s’agit de vives douleurs des épaules liées aux gaz de cœlioscopie. Ces douleurs disparaissent toujours en 24-48 heures.
Le renforcement de la zone de faiblesse peut être associé, dans des cas particuliers et en concertation avec le médecin du sport et le chirurgien orthopédique, à une section partielle (ténotomie) du tendon du moyen adducteur (muscle à la face interne des cuisses).